mardi 25 novembre 2008

La difficulté de garder la foi

Nichiren Daïshonin écrivit cette lettre en mars 1275. Elle est adressée à l'un de ses plus fidèles disciples, un samouraï nommé Shijo Kingo.

A propos de la difficulté de garder la foi en ce Sûtra, Nissho m'a rapporté que vous lui aviez dit : "J'ai commencé à pratiquer correctement ce Sûtra il y a un an, quand vous m'avez affirmé que ses adeptes connaîtraient paix et sécurité dans cette vie, et des circonstances favorables dans la prochaine. Mais au lieu de cela, je me retrouve submergé de difficultés." Nissho a-t-il dit vrai ou vous a-t-il mal compris ? Quoi qu'il en soit, je vais profiter de cette occasion pour dissiper vos doutes éventuels.
On peut lire dans le Sûtra du Lotus, "...difficile à croire et difficile à comprendre." (chap 10). Nombreux sont ceux qui entendent parler de ce Sûtra et y adhèrent, mais peu conservent leur foi en face de grands obstacles. Recevoir et facile, mais garder est difficile. Pourtant c'est en persévérant qu'on atteint la boddhéité. Ceux qui adoptent la foi dans ce Sûtra devraient donc être prêts à affronter les difficultés. Il est malgré tout certain qu'ils "obtiendront rapidement l'Eveil suprême." (Sûta du Lotus, chap11). "Garder la foi" signifie chérir Nam Myôhô Rengué Kyô, l'enseignement qui permet à tous les bouddhas du passé, du présent et de l'avenir d'atteindre l'Eveil. Le Sûtra dit aussi : "Nous garderons ce que le Bouddha nous a confié." (Ibid, chap 13). Le Grand Maître T'ien -t'ai déclara : "On adhère grâce au pouvoir de la foi et l'on poursuit grâce au pouvoir de la pratique." (Hokke Mongu, vol. 8). Le Sûtra dit encore : "Il est difficile de garder la foi dans ce Sûtra. C'est pourquoi, lorsqu'une personne y croit, même peu de temps, je me réjouis avec tous les autres bouddhas." (Sûtra du Lotus, chap 11).
Une flamme monte plus haut lorsqu'on y ajoute des bûches, et un vent fort fait enfler les insectes "gura" (insectes imaginaires que l'on disait enfler rapidement par vents forts). Les branches du pin séculaire se courbent et se tordent à mesure qu'il vieillit. Le Pratiquant du Sûtra du Lotus est comme la flamme et l'insecte "gura" tandis que les persécutions qui l'accablent sont comparables aux bûches et au vent. Le Pratiquant du Sûtra du Lotus est le bouddha de la vie éternelle ; que sa pratique rencontre des obstacles n'est pas plus étonnant que de voir les branches du pin séculaire se tordre et se briser. Désormais, vous devriez toujours avoir en mémoire la phrase : "Il est difficile de garder foi en ce Sûtra."
Avec mon profond respect,
Nichiren.

mardi 18 novembre 2008

Le sens de la foi

Nichiren écrivit cette lettre au mont Minobu, en 1280 à l'âge de 59 ans. Elle etait adressée à une croyante nommée Myôichi-ama.

Il n'y a rien d'extraordinaire dans ce que nous appelons la foi. Comme une femme chérit son mari, comme un homme donnerait sa vie pour sa femme, comme des parents n'abandonneraient jamais leurs enfants, ou comme un enfant refuserait de quitter sa mère, nous devrions accorder notre confiance au Sûtra du Lotus, à Shakyamuni, à Taho (Maints Trésors) et à tous les bouddhas et bodhisattvas des Dix Directions, ainsi qu'aux dieux du ciel et aux divinités bienveillantes, et réciter Nam Myôhô Rengué Kyô. Voilà en quoi consiste la foi. De plus, vous devriez méditer sur les passages du Sûtra "En rejetant honnêtement les enseignements provisoires" (Sûtra du Lotus, chap 2) et "Sans accepeter un seul vers d'aucun autre sûtra" (Ibid, chap 3), et ne jamais envisager de les abandonner, de même qu'une femme ne jetterait jamais son miroir ou qu'un homme garde toujours son sabre à son côté.
Respectueusement,
Nichiren.

jeudi 6 novembre 2008

Le véritable aspect du Gohonzon

Nichiren écrivit cette lettre le 23 août 1277, on suppose qu'elle est adressé à Dame Nichinyo.
Gohonzon : voir début du blog.


J'ai bien reçu les cinq mille kan de pièces de monnaie, les sacs de riz et les fruits que vous avez envoyés en offrande au Gohonzon.
Le bouddha Shakyamuni enseigna pendant cinquante ans, mais c'est seulement dans les huits dernières années qu'il révéla cet enseignement. Exposé pendant cette période, le Sûtra du Lotus explique le Gohonzon dans les huit chapitres qui vont du chapitre Yujutsu au chapitre Zokurui. Après la mort du Bouddha, pendant les deux mille ans des époques de la Loi correcte et de la Loi formelle, le terme "objet de vénération de l'enseignement fondamental" ne fut jamais mentionné, et l'objet lui-même pouvait donc d'autant moins être concrétisé. Personne n'avait non plus la capacité de l'inscrire. T'ien-t'ai, Miao-lo et Dengyô le perçurent dans leur coeur mais, pour une raison ou pour une autre, ne le divulguèrent jamais, de même que Yen-houei comprit le vrai sens de l'enseignement de Confucius mais le garda secret. Pourtant, le Sûtra lui-même, aussi bien que les commentaires de T'ien-t'ai et de Miao-lo, établissent clairement que le Gohonzon apparaîtra dans la première période de cinq cents ans de l'époque des derniers jours de la Loi, un peu plus de deux mille ans après la mort du Bouddha.
Actuellement, nous sommes entrés depuis plus de deux cents ans dans l'époque des derniers jours de la Loi. Comme il est prodigieux que Nichiren ait, le premier, inscrit ce grand mandala, levant ainsi l'étendard de la propagation du Sûtra du Lotus, alors même que de grands maîtres comme Nagarjuna, Vasubandhu, T'ien-t'ai et Miao-lo furent incapables de le faire ! Ce mandala n'est en rien une invention de Nichiren. C'est l'objet de vénération qui dépeint parfaitement le vénérable Shakyamuni et tous les autres bouddhas dans la tour aux trésors, aussi fidèlement que l'estampe correspond à la planche à graver.
Les cinq caractères du titre du Sûtra du Lotus sont inscrits au centre de la tour aux trésors, tandis que les quatre Rois du ciel sont assis au quatre coins. Les bouddhas Shakyamuni et Tahô (Maint Trésors), ainsi que les quatre guides des bodhisattvas sortis de la terre, sont en haut sur le même rang. Assis au dessous d'eux, se trouvent les bodhisattvas Fugen et Monju, ainsi que les Auditeurs parmi lesquels Shariputra et Maudgalyayana. A côté d'eux, se tiennent les divinités du soleil et de la lune, le Démon du Sixième Ciel, le roi-dragon et Ashura ; Fudô et Aizen sont respectivement postés au sud et au nord. Le traître et cruel Devadatta et la fille ignorante du roi-gragon sont également présents. L'ogresse Kishimojin apparaît avec ses dix filles qui sapent la vie des êtres dans tout l'univers. Sont également présentes les divinités tutélaires du Japon : Tenshô Daijin et le bodhisattva Hachiman représentant les sept catégories de divinités célestes, les cinq catégories de divinités terrestres et toutes les divinités majeures et mineures en général. Puisque s'y trouvent toutes les divinités dans leur essence, elles doivent apparaître aussi dans leur manifestations. Il est dit dans le chapitre Hotô : "Toute l'assemblée s'éléva et se retrouva dans les airs." Tous les bouddhas, bodhisattvas et grands sages, ainsi que les huit catégories d'êtres sensibles des deux mondes cités dans le premier chapitre du Sûtra du Lotus, tous sans exception résident dans ce Gohonzon. Illulinés par les cinq caractères de le Loi merveilleuse, ils révèlent la nature de bouddha qu'ils possèdent de manière inhérente. C'est là l'objet fondamental de vénération.
Le Sûtra définit ce principe par la phrase : "Tous les phénomènes révèlent la véritable entité." (Sûtra du Lotus, chap 2). Miao-lo déclare : "L'entité réelle est immanquablement présente dans tous le phénomènes ; dans tous les phénomènes sont immanquablement en jeu les dix modalités d'expression de la vie. Ces dix modalités opèrent immanquablement dans les dix états et les dix états caractérisent immanquablement à la fois la vie et son environnement." T'ien-t'ai déclare : "Le principe profond de l'"entité réelle" est la Loi originelle de Myôhô Rengué Kyô." Le grand maître Dengyo écrivit : "L'entité d'ichinen sanzen est le bouddha qui a obtenu l'Eveil par lui même et ce bouddha n'est doté d'aucun attribut extraordinaire." Par conséquent, ce Gohonzon est le mandala suprême sans précédent, car pendant plus de deux mille deux cent vingt ans après la mort du Bouddha, il ne fut jamais révélé.
Une femme qui se consacre au Gohonzon attire le bonheur en cette vie. Et dans sa vie prochaine, le Gohonzon sera avec elle et la protégera toujours. Comme une lanterne dans l'obscurité, comme un bras solide sur un chemin accidenté, le Gohonzon vous protégera, Dame Nichinyo, où que vous alliez. Par conséquent, gardez vous de ceux qui calomnient la Loi comme vous éviteriez de recevoir une courtisane dans votre maison. Tel est le sens de "quitter les mauvais amis et rechercher les bons."
Ne cherchez jamais ce Gohonzon en dehors de vous-même. Il n'existe que dans notre chair, en nous, êtres ordinaires, qui gardons le Sûtra du Lotus et récitons Nam My^hô Rengué Kyô. Le corps est le palais de la neuvième conscience, réalité inchangeable qui régit toutes les fonctions de la vie. Etre "doté des dix états" signifie que tous les dix états, sans exception, sont contenus dans le seul état de bouddha. Voilà pourquoi on appelle le Gohonzon mandala. Mandala est un mot sanscrit qui signifie "possessio parfaite" ou "monceau de bienfaits". Le Gohonzon n'existe que dans la seule foi. Comme il est dit dans le Sûtra : "C'est seulement par la foi que l'on peut accéder à la boddhéité." (Sûtra du Lotus, chap 3)
Puisque les disciples de Nichiren, moines comme laïcs, croient en la suprématie du Sûtra du Lotus qui dit : "...en rejetant honnêtement les enseignements provisoires" (Ibid, chap 2), et : "N'acceptez jamais même une seule phrase des autres sûtras" (Ibid, chap 3), ils peuvent pénétrer dans la tour aux trésors du Gohonzon. Comme c'est rassurant ! Faites tous les efforts possible pour votre vie future. Le plus important, c'est de réciter Nam Myôhô Rengué Kyô et d'atteindre la boddhéité. Tout dépend de votre foi. Avoir la foi, c'est la base du bouddhisme. C'est pourquoi il est dit dans le quatrième volume du Maka Shikan : "Le bouddhisme est un vaste océan mais seuls ceux qui ont la foi peuvent y accéder." Dans le quatrième volume du Guketsu, Miao-lo interprète ce passage ainsi : "Même Confucius enseigne que la foi vient en premier. Ceci s'applique encore plus aux principes profonds du bouddhisme ! Sans la foi, comment pourrait-on les approcher ? C'est pourquoi le sûta Kegon définit la foi comme la base de la pratique et la mère des bienfaits." On lit encore, dans le premier volume du Maka Shikan : "Comment peut-on écouter l'enseignement parfait, y croire, le pratiquer et atteindre l'Eveil parfait ," Le premier volume du Guketsu donne l'explication suivante : "Croire en l'enseignement parfait signifie éveiller sa foi par la doctrine et faire de la foi la base de la pratique." Un classique chinois relate l'histoire de l'empereur des Han qui crut si aveuglément le rapport de son aide de camp qu'il trouva rééllement la rivière gelée. Un autre récit relate comment Li-kouang, désireux de venger son père, perça d'une flèche un rocher enfoui dans l'herbe. Les commentaires de T'ient'ai et de Miao-lo indiquent très clairement que la foi est la base de toute chose. Parce que l'empereur des Han ne douta pas un seul instant du rapport de son subordonné, la rivière gela. Et Li-kouang parvint à percer un rocher de sa flèche tant il était persuadé qu'il s'agissait là du tigre qui avait tué son père. La foi bouddhique est encore plus puissante.
Ceux qui croient au Sûtra du Lotus et récitent Nam Myôhô Rengué Kyô accomplissent les cinq sortes de pratiques qui furent personnellement transmises au Grand Maître Dengyô par le moine Tao-souei lorsqu'il se rendit en Chine. C'est l'enseignement primordial pour les disciples de Nichiren et les croyants. Telle est la pratique décrite dans le chapitre Jinriki.
Je vous donnerai de plus amples détails une prochaine fois.
Avec mon plus profond respect,
Nichiren.