samedi 8 janvier 2011

Bonne et heureuse année à toutes et à tous !

Cette année je n'y couperais pas, c'est une tradition, je publie la lettre du nouvel an adressé le 5 janvier 1281 à la femme du seigneur Omosu (inconnu au bataillon pour le moment).


"Je viens de recevoir cent mushimochi (gâteau de riz) ainsi qu'une corbeille de fruits. Le jour de l'an marque le premier jour, le premier mois, le commencement de l'année et le début du printemps (selon le calendrier lunaire). Celui qui le célèbre gagnera en vertu et sera aimé de tous, comme la lune devient de plus en plus pleine en allant d'ouest en est ou le soleil de plus en plus brillant en voyageant d'est en ouest.
Tout d'abord, où se trouvent précisément l'enfer et le Bouddha ? Un sûtra répond que l'enfer existe sous terre et un autre nous dit que le Bouddha réside à l'ouest. Cependant, une recherche plus approfondie révèle qu'ils existent tous deux dans notre corps haut de cinq pieds. Si je pense ainsi, c'est que l'enfer est dans le coeur de celui qui, intérieurement, méprise son père et néglige sa mère, tout comme la graine de Lotus contient simultanément la fleur et le fruit. De même, le Bouddha existe en notre propre coeur ; le silex, par exemple, peu produire du feu et, sous leur gangue se trouvent des joyaux de valeur. Simples mortels que nous sommes, nous ne pouvons voir, ni nos propres sourcils qui sont si proches, ni le ciel dans le lointain. De même, nous ne voyons pas que le Bouddha existe dans notre propre coeur. Vous vous demandez peut-être comment il est possible que le Bouddha se trouve en nous, ayant son origine dans la semence et dans le sang de nos père et mère, est la source des Trois Poisons et le siège des désirs charnels. Mais de multiples considérations prouve la justesse de ce que j'avance. La pure fleur de lotus s'épanouit sur un étang boueux. Le santal parfumé a besoin de la terre pour pousser ; la gracieuse fleur de cerisier sort du bois de l'arbre ; la belle Yang Kuei Fei était la fille d'une servante et la lune s'élève de derrière les montagnes pour les éclairer. Le malheur sort de la bouche dune personne et la détruit, mais la bonne fortune vient de son coeur et la rend digne de respect.
La sincérité des offrandes que l'on fait au Sûtra du Lotus au commencement de la nouvelle année est semblable aux fleurs qui s'épanouissent sur les arbres, au Lotus qui s'ouvre sur un étang, au santal qui fleurit dans les montagnes neigeuses, ou à la lune qui se lève. En devenant l'ennemi du Sûtra du Lotus, le Japon s'attire aujourd'hui les malheurs de mille lieues alentour.
L'ombre est produite par le corps. Et, comme l'ombre suit le corps, le malheur s'abattra sur le pays de ceux qui sont hostiles au Sûtra du Lotus. Mais ceux qui croient au Sûtra du Lotus sont semblable au santal et à son doux parfum. Je vous écrirai encore.

Nichiren.

jeudi 7 octobre 2010

Réponse à Kyô'o

Nichiren Daïshonin écrivit cette lettre le 15 août 1273. Elle est adressé à Kyô'o, la fille de Shijo Kingo. Néanmoins Kyô'o n'avait alors qu'un an, de sorte que Nichiren s'adressait probablement à ses parents, Shijo Kingo et Nichigen-nyo. L'introduction de la lettre permet de supposer qu'elle a été écrite en réponse à un message de Shijo Kingo ou de son épouse informant Nichiren de la grave maladie de leur bébé.


"Alors même que j'attendais de vos nouvelles avec impatience, le messager que vous vous êtes donné la peine de m'envoyer est arrivé. Dans ma situation actuelle, votre don d'argent est bien plus précieux que n'importe quel trésor existant sur terre ou dans la mer.
Depuis que vous m'avez parlé de Kyô'o Gozen, tous les jours je ne cesse de prier pour elle les divinités du soleil et de la lune. Vénérez toujours le Gohonzon que je vous ai fait parvenir pour sa protection il y a quelque temps. Ce Gohonzon n'a jamais été dévoilé et encore moins inscrit par qui que ce soit dans les périodes de la Loi correcte et de la Loi formelle. On dit que le lion, roi des animaux sauvages, avance de trois pas, puis se prépare à bondir, déployant la même force pour attraper une minuscule fourmi ou attaquer une bête féroce. En inscrivant ce Gohonzon pour la protection de Kyô'o, Nichiren se montre l'égal du roi-lion. C'est ce que le Sûtra entend par "la puissance du lion à l'attaque" (Sûtra du Lotus, chap 15). Croyez en ce mandala de tout votre coeur. Nam MyoHo Rengué Kyo est semblable au rugissement d'un lion. Dès lors, quelle maladie peut donc constituer un obstacle ?
Il est écrit que ceux qui garde le daïmoku (grand titre) du Sûtra du Lotus seront protégés par Kishimojin et ses dix filles. Ils bénéficieront du bonheur d'Aizen et de la bonne fortune de Bishamon. Votre fille peut donc jouer ou s'ébattre n'importe où sans qu'il ne lui arrive aucun mal. Comme le roi-lion, elle sera libre de toute crainte. Des dix filles de Kishimojin, c'est Kodainyo qui apporte la protection la plus profonde. Mais tout dépendra uniquement de votre foi. Une épée est inutile entre les mains d'un lâche. La puissante épée du Sûtra du Lotus doit être maniée par une personne à la foi courageuse. Alors elle deviendra aussi forte qu'un démon armé d'une barre de fer. Moi, Nichiren, ai inscrit ma vie à l'encre sumi. Aussi, croyez dans ce Gohonzon de tout votre coeur. La volonté du Bouddha est le Sûtra du Lotus mais l'âme de Nichiren n'est autre que Nam MyoHo Rengué Kyo. Miao-lo dit dans ses commentaires : "Au coeur du Sûtra se trouve révélée l'éveil originel du Bouddha." (Hokke Mongu Ki, vol 10)
Les malheurs de Kyô'o Gozen se changeront en bonne fortune. Faites appel à toute votre foi et priez ce Gohonzon. Que pourrait-il alors y avoir d'impossible à réaliser ? Il vous faut croire ces affirmations du Sûtra du Lotus : "Ce Sûtra exauce les désirs. Il est l'eau pure et fraîche de l'étang qui étanche la soif" (chap 23) et "Ils connaîtront paix et sécurité dans cette vie et des conditions favorables dans la prochaine."(chap 5)
Quand ma peine d'exil en cette province sera levée, je viendrai rapidement à Kamakura où nous pourrons nous rencontrer. Celui qui reconnaît le pouvoir du Sûtra du Lotus a devant les yeux la jeunesse éternelle et l'immortalité. Ma seule crainte est que votre fille meure jeune, et c'est pourquoi je prie de toutes mes forces les divinités de la protéger. Elevez-la pour qu'elle soit comme la dame Jotoku ou la fille du roi-dragon."

Nam MyoHo Rengué Kyo, Nam MyoHo Rengue Kyo.


Avec tout mon respect,

Nichiren.

Volume 1, p 131.

mardi 5 octobre 2010

Réponse à Nichigon-ama

Nichiren Daïshonin écrivit cette lettre du mont Minobu, en 1280, alors qu'il était âgé de cinquante-neuf ans, en réponse à l'une de ses disciples.


"Le huitième jour du onzième mois de la troisième année de Kôan (1280), j'ai placé devant le Sûtra du Lotus la requête écrite par laquelle, vous, Nichigon-ama, exprimez votre prière, ainsi que votre offrande d'un kan de pièces de monnaie et d'une robe sans doublure en fibre d'écorces tissées, et j'en ai déjà fait part aux divinités du soleil et de la lune. De plus, ne vous hasardez pas à calculer (les bienfaits du Gohonzon). Que votre prière soit exaucée ou pas dépend de votre foi ; (si elle ne l'est pas) j'en suis, moi, Nichiren, aucunement responsable.
Quand l'eau est claire, on peut y voir le reflet de la lune. Quand le vent souffle, les arbres se balancent. L'esprit des êtres humains est comparable à l'eau. Une foi faible est semblable à une eau boueuse, mais une foi résolue est comme une eau pure. Les arbres sont comme les principes (de toute chose), et la récitation du Sûtra est comparable au vent qui les fait bouger.
Vous devriez bien comprendre cela.

Avec mon profond respect,

Nichiren.

samedi 4 septembre 2010

Lette au moine Nichirô en prison

Nichiren Daïshonin écrivit cette lettre le 9 octobre 1271, la veille de son départ pour l'ile de Sado. Elle est adressé au moine Nichirô (1245-1320), par la suite l'un des Six Moines aînés. Lors de la persécution de Tatsunokuchi, le 9 septembre 1271, Nichirô et d'autres moines disciples furent emprisonnés et confiés à la garde d'un officiel du gouvernement, dans un cachot creusé à flanc d'une colline.


" Demain, je dois partir pour la province de Sado. Dans le froid, ce soir, je pense aux conditions qui doivent être les vôtres en prison et je partage votre souffrance. Comme il est admirable que vous ayez lu la totalité du Sûtra du Lotus à la fois avec le corps et avec l'esprit !
Vous pourrez ainsi sauver votre père et votre mère, et vos six sortes de parents, et tous les êtres vivants. Les autres ne lisent le Sûtra du Lotus qu'avec leur bouche, n'en lisant que les mots, mais ils ne le lisent pas avec leur coeur. Et, même quand ils le lisent avec le coeur, ils ne le lisent pas par leurs actes. Comme ils sont admirables, en vérité, ceux qui comme vous lisent, le Sûtra à la fois avec le corps et avec l'esprit ! Le Sûtra du Lotus dit : "Les jeunes fils des divinités célestes l'accompagnent et le serviront. Les sabres et les bâtons ne le toucheront pas, et le poison ne pourra rien contre lui (Sûtra du Lotus chap 14)." Ainsi, aucun mal ne pourra vous être fait. Dès que vous serez libéré de prison, venez rapidement me voir. J'ai hâte de vous rencontrer de nouveau.

Avec mon profond respect,

Nichiren.

Six sortes de parents : père, mère, frère aîné, frère cadet, mari, et femme.

mercredi 7 octobre 2009

La pratique tel que le Bouddha l'enseigne

Nichiren Daishonin écrivit cette lettre en mai 1273, alors qu'il était encore en exil sur l'ile de Sado. On ne sait pas à quels disciples elle a été envoyée.

Il apparaît désormais clairement que les personnes qui sont nées dans ce pays et croient en ce Sûtra (Le Sûtra du Lotus) au moment de sa propagation, à l'époque des Derniers Jours de la Loi, subiront des persécutions encore plus grave qu'il n'y en eut du vivant du Bouddha. En ce temps-là, le maître était un bouddha et ses disciples de grands bodhisattvas et arhats. De plus, le Bouddha n'exposa le Sûtra du Lotus qu'après avoir longtemps formé et préparé tous ceux qui pouvaient l'entendre, qu'ils soient divins ou humains, laïcs ou religieux, ou qu'ils appartiennent aux huit catégories d'êtres non-humains. Et malgré cela, certains disciples rejetèrent cet enseignement.
A plus forte raison maintenant, à l'époque des Derniers Jours de la Loi, bien que l'enseignement, la capacité des gens et la pèriode de propagation concordent, nous devons nous attendre à une hostilité encore plus grande. Car notre époque est celle des conflits, celle où la Loi pure a disparu, où le maître n'est qu'un simple mortel et ses disciples des incroyants aux Trois Poisons (avidité, colère et ignorance). C'est pourquoi les hommes rejettent le bon maître et lui préfèrent les mauvais moines.
De plus, ceux qui deviennent les disciples du véritable Pratiquant du Sûtra du Lotus tel que le Bouddha l'enseigne seront immanquablement confrontés aux Trois Grands Ennemis. Par conséquent, du jour même où vous croyez en ce Sûtra vous devez être prêts à rencontrer les Trois Sortes de Persécutions qui seront à coup sûr plus terribles encore après la mort du Bouddha. Bien que mes disciples aient déjà entendu cela, certains, lorsque des persécutions, grandes ou petites, s'abattent sur nous, en sont terrifiés au point de trahir leur foi. Ne les avais-je pourtant pas prévenus ? Je leur ai enseigné jour et nuit en me fondant précisémént sur le Sûtra qui dit : "Puisque haine et jalousie abondent déjà du vivant du Bouddha, ne seront-elles pas pire encore dans le monde après son trépas ?" (Sûtra du Lotus, chap.10). Vous n'avez nulle raison de prendre peur tout à coup alors que vous me voyez expulsé, blessé ou officiellement condamné et exilé, cette fois-ci en une province lointaine.Question : -Celui qui pratique comme le Bouddha l'enseigne devrait connaître une vie paisible en ce monde. Pourquoi alors êtes-vous attaqué avec tant de force par les Trois Grands Ennemis ?
Réponse : -Shakyamuni rencontra les Neuf Grandes Persécutions parcequ'il enseigna le Sûtra du Lotus. Dans un lointain passé, le bodhisattva Fukyô (sans mépris) fut attaqué à coup de bâton et de pierres. Tchou Tao-cheng fut exilé au mont Sou, le moine Fatao eut le visage marqué au fer rouge, et Aryasinha fut décapité. Le Grand Maître T'ien-t'ai fut en but à l'hostilité des trois écoles du Sud et des sept écoles du Nord. Quant au Grand Maître Dengyô, il fut dénigré par les six écoles de l'ancienne capitale Nara. Le Bouddha, ces bodhisattvas et grands saints étaient tous des adeptes du Sûtra du Lotus, et malgré cela, ils ils subirent de grandes persécutions. Si vous niez qu'il aient pratiqué comme le Bouddha l'enseigne, où donc trouverez vous des personnes qui l'aient fait ? Nous sommes à l'époque des conflits, celle ou la Loi pure a disparue. De plus, dans ce mauvais pays, le dirigeant, ses ministres, et le peuple dans son ensemble, tous calomnient le Loi juste. Ils se sont opposés au véritable enseignement du Bouddha et révèrent des mauvais moines et des doctrines erronées. C'est pourquoi les démons ont furieusement envahi le pays, provoquant un déchaînement constant des Trois Calamités et des Sept Desastr
C'est en vérité, une période bien malheureuse pour vivre en ce pays. Pourtant, le Bouddha m'a ordonné de naître à cette époque, et il me serait impossible de transgresser sa volonté.
Ainsi, avec une foi totale dans le Sûtra, j'ai engagé la lutte pour distinguer enseignements provisoires et enseignements définitifs. Je revêts l'armure de la persévérance et porte l'épée de l'enseignement juste, je lève la bannière de Myôhô Rengué Kyô, essence des huit volumes du Sûtra du Lotus. Puis, tendant l'arc de la déclaration du Bouddha : "Je n'ai pas encore révélé l'enseignement définitif" (Sûtra Muryôgi, chap.2, introduction au Sutra du Lotus), j'encoche la flèche du "rejet sincère des enseignements provisoires" (Sûtra du Lotus, chap.2), je monte dans le chariot tiré par un grand boeuf blanc et j'abats le portail des enseignements provisoires. Les attaquant l'une après l'autre, j'ai réfuté les doctrines du Nembutsu, du Shingon, du Zen, du Ritsu et celles des autres écoles. Certains de mes ennemis ont pris la fuite, d'autres ont reculé, ou, conquis, sont devenus mes disciples. Je continue à repousser leurs attaques et à les vaincre mais les ennemis sont légion alors que le roi de la Loi est seul avec une poignée de partisans. C'est pourquoi la bataille se poursuit aujourd'hui encore.
"La pratique du Sûtra du Lotus est shakubuku, la réfutation des enseignements provisoires" (Hokke Gengi, vol.9). Selon ces paroles d'or, les tenants de toutes les écoles basées sur les enseignements provisoires pourront en définitive être vancus et rallier les disciples du roi de la Loi. Le temps viendra où tous les hommes, y compris ceux des états d'étude, d'éveil personnel et de bodhisattva, prendront le chemin de la boddhéité, et la Loi merveilleuse seule prospèrera à travers tout le pays. Alors, parce que tous les êtres humains réciteront ensemble Nam Myôhô Rengué Kyô, le vent ne tourmentera plus les branches ou les rameaux, et la pluie sera si douce qu'elle ne détruira pas même une motte de terre. Le monde redeviendra ce qu'il était aux époques de Fou Si et de Chen Nong dans la chine antique. Les désastres seront écartés du pays et ses habitants, libérés du malheur. Ils apprendront également l'art de mener des vies longues et pleinement satisfaisantes. Sachez que le temps viendra où l'on comprendra cette vérité : la Personne et la Loi ne peuvent vieillir et sont éternelles. Ils ne peut pas y avoir le plus petit doute concernant la promesse solennelle, faite dans le Sûtra, d'une vie paisible en ce monde (Sûtra du Lotus, chap.5).
Question : - Que doit faire la personne qui veut pratiquer comme le Bouddha l'enseigne ?
Réponse : - Les Japonais de notre époque sont unanimes sur ce point : ils pensent que, puisque tous les véhicules sont inclus dan le véhicule suprême, aucun enseignement n'est supérieur ou inférieur, superficiel ou profond mais que tous sont égaux au Sûtra du Lotus. D'où la croyance que répéter l'invocation du Nembutsu, pratiquer l'ésotérisme Shingon, ou la méditation Zen, enseigner et réciter n'importe quel sûtra ou le nom de n'importe quel bouddha ou bodhisattva équivaut à suivre le Sûtra du Lotus.
Mais je répète que cela est faux. Le plus important dans la pratique du bouddhisme, c'est de suivre et de croire les principes d'or du Bouddha, non l'opinion des autres. Notre maître, le Bouddha Shakyamuni, aurait voulu révéler le Sûtra du Lotus dès qu'il parvint à l'Eveil. Pourtant, parce que les hommes n'étaient pas encore assez mûrs pour le comprendre, il lui fallut utiliser les enseignements provisoires pendant près de quarante ans avant de pouvoir exposer l'enseignement définitif du Sûtra du Lotus. Dans le sûtra Muryôgi, qui sert d'introduction au Sûtra du Lotus, le Bouddha établit une distinction très nette entre les enseignements proisoires et l'enseignement définitif. Il déclara : "J'ai enseigné la Loi de nombreuses façons, en utilisant de nombreux moyens. Mais, depuis plus de quarante années, je n'ai pas encore révéélé la vérité." (Sûtra muryôgi, chap 2). Les quatre-vingt mille bodhisattvas, y compris le bodhisattva Daishôgon, comprirent parfaitement pourquoi Shakyamuni avait exposé les enseignements provisoires, démontrèrent que ces enseignementss n'étaient rien de plus que des moyens, et finalement les rejetèrent totalement. Ils exprimèrent leur compréhension en déclarant que personne que personne ne peut atteindre l'Eveil suprême en adhérant à l'un ou l'autre des sûtras provisoires qui préconisent la pratique des austérités de bodhisattva pendant des millions d'éons. Finalement le Bouddha en vint à révéler le Sûtra du Lotus et déclara : "L'Honoré du monde expose ses doctrines depuis longtemps et doit maintenant révéler la vérité." (Sûtra du Lotus, chap 2). Il mit également en garde : "Dans toutes les terres de bouddha de l'univers, il n'y a qu'un véhicule suprême, pas deux ou trois, et cela exclut les enseignements provisoires du Bouddha." (Ibid), et "n'acceptez jamais même une seule phrase des autres sûtras" (Ibid, chap 3). Ainsi, depuis cette époque, le véhicule suprême de la Loi merveilleuse a été le seul enseignement assez profond pour permettre à tous les êtres humains d'atteindre la boddhéité. Bien qu'aucun sûtra, à l'exceptiondu Sûtra du Lotus, ne permette d'obtenir le plus petit bienfait, les savants bouddhistes de l'époque des Dernier Jours de la Loi prétendent que tous les sûtras doivent conduire à l'Eveil puisqu'ils furent exposés par le Bouddha. Par conséquent, ils professent arbitrairement la foi en n'importe quel sûtra et suivent n'importe quelle école de leur choix, que ce soit Shingon, Nembutsu, Zen, Sanron, Hossô, Kusha, Jôjitsu ou Ritsu. Le Sûtra du Lotus dit de telles personnes : "Celui qui refuse d'avoir foi en ce Sûtra, et qui, au contraire, le rabaisse, détruit instantanémént le graine qui permet de devenir bouddha en ce monde... Après sa mort, ils tombera dans l'enfer des souffrances sans intermittence." (Ibid). Ainsi le Bouddha lui-même conclut que la seule manière de pratiquer correctement son enseignement consiste à avoir foi dans le principe central de ce Sûtra, la croyance en une seule Loi suprême.
Question : - Il serait donc faux de dire que la foi en n'importe quel sûtra ou en n'importe quel bouddha des enseignements provisoires équivaut à la foi dans le Sûtra du Lotus. Mais qu'en est-il de celui qui a foi dans le seul Sûtra du Lotus et conduit les cinq pratiques (croire, lire, réciter enseigner et transcrire le Sûtra du Lotus) du chapitre Hosshi, ou suit les pratiques aisées du chapitre Anrakugyo ? Ne pourrions-nous pas dire que sa pratique est en accord avec l'enseignement du Bouddha ?
Réponse : - Quiconque pratique le Bouddhisme doit avant tout comprendre qu'il existe Deux types de pratique - shôju et shakubuku. Chaque sûtra ou traité doit être pratiqué de l'une ou l'autre de ces manières. Bien que les érudit de ce pays aient parfaitement étudié le bouddhisme très en détail, ils ne savent pas quelle pratique convient au temps. Les quatre saisons se succèdent sans fin, chacune d'elle manifestant ses caractéristiques propres. En été, il fait chaud, en hiver, froid. Les fleurs s'épanouissent au printemps, les fruits mûrissent en automne. Il est donc naturel de semer au printemps et de récolter en automne. Si l'on semait à l'automne, que pourrait-on récolter au printemps ? Les vêtements épais sont utiles par grand froid, mais à quoi servent-ils en pleine canicule ? Une fraîche brise est plaisante en été, mais qu'a t-elle d'agréable en hiver ? Le Bouddhisme procède de la même manière. Il y a des époques où le bouddhisme Hinayana doit être propagé pour le bien de l'humanité, des époques où les doctrines du Mahayana provisoires sont nécessaires, et des temps où l'enseignement du Mahayana définitif doit se répandre pour conduire les gens à la boddhéité. Les deux millénaires des Jours de la Loi correcte et des Jours de la Loi formelle exigeaient la propagation du bouddhisme Hinayana et Mahayana provisoire, tandis que les premiers cinq cents ans des Drniers Jours de la Loi appellent le kôsen-rufu de l'enseignement suprême et parfait du Sûtra du Lotus. Comme le bouddha l'avait prédit, nous sommes maintenant à l'époque des conflits, celle où la Loi pure s'est perdue et où les enseignements provisoires et définitifs du bouddhisme sont inextricablement confondus.
Lorsque l'on est face à l'ennemi, on a besoin d'une épée, d'un bâton, ou d'un arc et de flèches. Mais lorsqu'il n'y a pas d'ennemis, ces armes sont d'aucune utilité. A notre époque, les enseignements provisoires sont devenus les ennemis de l'enseignement juste. Quand il est temps de propager l'enseignement sûpreme, les enseignements provisoires deviennent des ennemis. S'ils sont source de confusion, ils doivent être systématiquement réfutés du point de vue de l'enseignement juste. Parmi les deux formes de pratique, il s'agit là de shakubuku, la pratique du Sûtra du Lotus. C'est à juste titre que T'ien-t'ai déclara : "La pratique du Sûtra du Lotus est shakubuku, la réfutation des enseignements provisoires." Les quatre pratiques aisées du chapitre Anrakigyô sont shôju. Les suivre à notre époque serait aussi absurde que de semer des graines en hiver en espérant moissonner au printemps. Il est normal qu'un coq chante le matin, mais étrange qu'il chante au crépuscule. Maintenant, à une époque où les enseignements provisoires et définitifs sont inextricablement mêlés, il ne serait pas moins anormal de s'isoler dans les montagnes, de suivre la pratique aisée de shôju, et d'éviter de réfuter les ennemis du Sûtra du Lotus. La personne qui le ferait perdrait toute chance de pratiquer le Sûtra du Lotus. Aujourd'hui, à l'époque des Derniers Jours de la Loi, qui accomplit la pratique de shakubuku en parfait accord avec le Sûtra du Lotus ? Imaginez qu'une personne, peu importe qui, proclame haut et fort que seul le Sûtra du Lotus peut mener les hommes à la boddhéité et que tous les autres sûtras, loin de leur permettre d'atteindre l'Eveil, ne peuvent que les précipiter en enfer. Observez alors ce qui se passera si cette personne essaye de réfuter le maîtres et les doctrines de toutes les autres écoles. Les Trois Grands Ennemis ne manqueront pas d'apparaître.
Le véritable maître, le bouddha Shakyamuni, pratiqua shakubuku pendant les huits dernières années de sa vie, le Grand Maître T'ien-t'ai pendant plus de trente ans, et le grand Maître Dengyô pendant plus de vingt ans. Nichiren réfute les enseignements provisoires depuis plus de vingt ans, et les grandes persécutions qu'il a subies pendant cette période sont innombrables. Je ne sais pas si elles sont égales aux neuf grandes persécutions subies par le Bouddha, mais il est certain que ni T'ien-t'ai ni Dengyô ne rencontrèrent jamais de persécutions aussi graves que celles subies par Nichiren pour la cause du Sûtra du Lotus. Ils ne suscitèrent que jalousies et calomnies, alors que j'ai été à deux reprises exilé par le régent, cette fois dans une province lointaine. Qui plus est, je fus bien près d'être décapité à Tatsunokuchi, je fus bléssé au frontà Komatsubara, et constamment calomnié. Mes diciples ont également été exilés et jetés en prison, tandis que les croyants laïcs qui me suivent ont été expulsés et leurs biens confisqués. Comment les persécutions endurées par Nagarjuna, T'ien-t'ai ou dengyô pourraient être omprenez donc que la personne qui pratique le Sûtra du Lotus, exactement comme le Bouddha l'enseigne, sera immaquablement attaqués par les Trois Grands Ennemis. Shakyamuni lui-même, T'ien-t'ai et Dengyô furent les trois seuls à pratiquer en parfait accord avec l'enseignement du Bouddha, en plus de deux mille ans. Maintenant, à l'époque des Derniers Jours de la Loi, les seuls pratiquants de cette sorte sont Nichiren et ses disciples. Si nous ne pouvons être considérés comme des pratiquants fidèles aux enseignements du Bouddha, alors Shakyamuni, T'ien-t'ai et Dengyô ne peuvent pas l'être non plus. Pourrait-on appeler pratiquants du Sûtra du Lotus Devadatta, Kokalika, Sunakshatra, Kôbô, Jikaku, Chishô, Chan-tao, Hônen, Ryokan et leurs semblables ? Le bouddha Shakyamuni, T'ien-t'ai, Dengyô, ou Nichiren et ses disciples pourraient-ils être des adeptes des écoles Nembutsu, Shingon, Zen, Ritsu ou autres ? Pourrait-on appeler le Sûtra du Lotus enseignement provisoire, et le sûtra Amida et d'autres pourraient-ils être le Sûtra du Lotus ? Cela ne pourrait jamais être, même si l'Ouest se changeait en Est et l'Est en Ouest ; même si la Terre, avec les arbres et les plantes, devaient s'envoler et devenir le Ciel, et même si la lune et les étoiles devaient tomber pour devenir la Terre.
Il est bien regrettable que tous les Japonais se réjouissent de voir Nichiren et ses disciples souffrir en proie aux Trois Grands Ennemis ! Ce qu'il est advenu hier à un autre peut nous arriver aujourd'hui. Nichiren et ses disciples ne souffriront pas longtemps, à peine plus longtemps qu'il n'en faut au givre ou à la rosée pour s'évaporer sous le soleil du matin. Quand nos prières pour atteindre la boddhéité seront réalisées et que nous résiderons dans la terre de l'Eveil éternel où nous connaîtrons la joie sans limite de la Loi, quelle pitié nous éprouverons pour ceux qui souffrent sans répit dans les profondeurs de l'enfer ! Et alors, comme ils nous envieront !
La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer. Même si l'on menaçait de nous couper le tête avec une scie, de nous empaler sur une lance, de nous mettre aux fers et de nous transpercer les pieds avec une vrille, nous devrons continuer à réciter Nam Myôhô Rengué Kyô, Nam Myôhô Rengué Kyô. Si nous récitons cette phrase jusqu'au moment ultime de notre mort, immédiatement, Shakyamuni, Tahô, tous les autres bouddhas de l'univers viendront à notre rescousse, tenant ainsi fidèlement la promesse faite lors de la cérémonie du Pic du Vautour. Nous prenant par la main et nous portant sur leurs épaules, ils nous mèneront au Pic du Vautour. Les deux saints, les deux divinités célestes et les Dix Déesses nous garderont, tandis que toutes les divinités bouddhiques tendront un dais par dessus nos têtes et déploieront bien haut des oriflammes. Ils nous escorteront pour nous protéger jusqu'à la terre du Bouddha. Comment décrire la joie que nous ressentirons alors ?
Nam Myôhô Rengué Kyô, Nam Myôhô Rengué Kyô.

Nichiren

Le cinquième mois de la dixième année de Bun'ei (1273)

Post Scriptum : Gardez constamment cette lettre avec vous et relisez-la sans cesse.

lundi 15 juin 2009

Le don du mandala de la Loi merveilleuse

Ni la date ni la destinataire exactes de cette lettre ne sont tout à fait certaines, mais on pense généralement qu'elle fut écrite en 1273, alors que Nichiren Daishonin était déjà depuis deux ans en exil sur l'île de Sado et qu'il était adressé à la femme d 'Abutsubo, connue sous le nom de Sennichi-ama.

Je vous fait don du Gohonzon de Myôhô Rengué Kyô. (Le daimoku de) ce mandala ne s'écrit qu'en cinq ou sept caractères mais il est le maître de tous les bouddhas dans les trois phases de la vie (passé, présent, futur) et la garantie, pour toute les femmes, d'atteindre la boddhéité. Il deviendra une torche dans l'obscurité sur le chemin menant à l'au-delà, un bon cheval pour traverser les montagnes de la mort. Il est comparable au soleil et à la lune dans le ciel ou au mont Sumeru sur la terre. Il est le bateau qui fait traverser l'océan de la vie et de la mort. Il est le maître qui guide tous les êtres vers l'Eveil. Cela fait plus de deux mille deux cents vingt années que le Bouddha a disparu, et pendant ce temps, ce mandala n'a jamais été révélé ou propagé où que ce soit dans le monde.
Les médicaments diffèrent selon les maladies. Des médicaments légers suffiront pour guérir des maladies bénignes mais les maladies graves exigent des remèdes forts. Pendant les plus de deux mille deux cents vingt ans écoulés depuis la disparition du Bouddha, les maladies des hommes, c'est à dire leurs illusions et leur karma négatif, étaient sans gravité. Et il a donc suffi qu'apparaisse une succession de savants maîtres qui, tels des médecins, ont dispensé les remèdes appropriés pour ces maladies. Ces maîtres étaient issus des écoles Kusha, Jôjitsu, Ritsu, hossô, Sanron, Shingon, Kegon, Tendai, Jôdô et Zen. Chacune de ces écoles prescrit son propre médicament. Par exemple l'école Kegon énonce le principe des Six Foemes et les Dix Mystères, l'école Sanron, la voie du milieu des Huit Négations, l'école Hoossô (insiste sur la perception que tous les phénomènes ne sont) "rien que conscience", l'école Ritsu préconise les Deux Cent Cinquante Préceptes, l'école Jôdô, l'invocation du nom du bouddha Amida, l'école Zen, la méditation sur son propre état de bouddha, lécole Shingon, la méditation sur les Cinq Eléments (terre, eau, feu, vent et espace) et l'école Tendai a formulé la théorie d'Ichinen Sanzen (Une pensée, Trois Mille).
Mais maintenant, nous sommes entrés dans l'époque des Derniers Jours de la Loi et les remèdes proposés par ces écoles ne guérissent plus les maladies des hommes. De plus, tous les Japonais sont devenus des icchantika (incroyance incorrigible) qui comettent de graves offenses à la Loi. Le Japon regorge de personne dont le crime est pire que d'avoir tué père ou mère, fomenté une rebellion ou fait couler le sang du Bouddha. Leur crime est plus grave que si elles avaient crevé, à elles seules, les yeux de tous les êtres humains. Il dépasse celui qui constituerait le fait d'incendier tous les temples et tous les stûpas des mondes des Dix Directions. Par conséquent, jour après jour, les divinités du ciel regardent le Japon avec colère tandis que les divinités de la terre tremblent d'une rage continuelle. Pourtant, chacun, de nos jours, est persuadé de n'avoir pas commis une seule faute et personne ne doute de renaître dans un autre monde (la Terre pure) et d'atteindre la boddhéité.
Un aveugle ne peut pas voir l'éclat du soleil et une personne profondément endormie ne percevra même pas un tremblement de terre se réverbérant comme le son d'un énorme tambour. Il en va de même pour tous les habitants du japon (qui n'ont pas conscience des offenses qu'ils commettent eux-mêmes). Les fautes des hommes sont plus grave que celle des femmes ; celles des nonnes, plus grave que celles des hommes laïcs et celles des moines, plus graves que celles des nonnes. (Parmi les religieux,) les fautes des moines qui observent les preceptes sont pire que celles des moines qui les transgressent, et celles des savants maîtres pires encore. Des moines de ce genre sont comparables, à ceux qui, parmi les lépreux, sont atteints de lèpre blanche, et, parmi ces derniers, aux plus gravement atteints de tous.
Quel grand médecin ou quel bon médicament a le pouvoir de guérir tous les êtres à l'époque des derniers jours de la Loi ? Ils ne peuvent pas être guéris par les mudra et les mantra du bouddha Dainichi, par les quarante-huit voeux du bouddha Amida ou les douze grands voeux du bouddha Yakushi, ni même par son serment de guérir toutes les maladies. Non seulement de tels remèdes n'ont pas le pouvoir de guérir les maladies mais ils les aggravent.
Le vénérable Shakyamuni, en présence du bouddha Tahô (Maint-Trésor) et de tous les autres bouddhas qui étaient ses émanations venus des Dix Directions, a laissé un grand médicament, les cinq caractères de Myôhô Rengué Kyô pour les hommes qui vivraient à l'époque des Derniers Jours de la Loi. Il refusa de transmettre ces caractères à Hôe, Kudokurin, Kongôsatta, Fugen, Monju, Yakuô et Kannon et encore moins à Mahakasyapa, Shariputra (ou toute autre personne des Deux Véhicules). Par contre, Quatre Grands Bodhisattvas, au nombre desquels avaient été les disciples du bouddha ShakyamuniJôgyô, depuis le passé de gohyaku jintengo (un passé infiniment lointain), sans avoir jamais oublié un seul instant le Bouddha. Shakyamuni les convoqua et leur transmit ces caractères (de Myôhô Rengué Kyô).
Ainsi, une femme qui prend ce remède efficace sera entourée de toute part et protégée à chaque instant par ces Quatre Grands Bodhisattvas. Lorsque cette femme se lèvera, ces grands bodhisattvas feront de même, et, lorsqu'elle marchera le long d'une route, ils marcheront avec elle. Ils seront aussi inséparables que le corps et l'ombre, le poisson et l'eau, la voix et son écho, la lune et son éclat. Si ces Quatres Grands Bodhisattvas abandonnaient une femme qui récite Nam Myôhô Rengué Kyô, ils provoqueraien la colère des bouddhas Shakyamuni, Tahô et de tous les autres bouddhas des Dix Directions. Soyez bien certaine que ce crime serait plus grave que celui de Devadatta, leur fourberie plus effroyable que celle de Kokalika. Comme c'est rassurent, comme c'est rassurant ! Nam Myôhô Rengué Kyô, Nam Myôhô Rengué Kyô.

Nichiren.

lundi 6 avril 2009

Les désirs mènent à l'Eveil

Nichiren Daishonin écrivit cette lettre le 2 mai 1272 lors de son exil à l'île de Sado. Elle est adressée à Shijô Kingo, samouraï.

Je vous suis très reconnaissant de votre récente visite et de vos attentions, au milieu des nombreuses persécutions qui se sont abattues sur loi. C'est en tant que pratiquant du Sûtra du Lotus que j'ai rencontré ces grandes persécutions et je n'en éprouve pas la moindre rancoeur. Il ne pourrait y avoir de vie plus heureuse que la mienne, même au terme d'innombrables répétitions du cycle de la naissance et de la mort. (San ces souffrances), j'aurais pu rester dans les Trois ou Quatre Mauvaises Voies. Mais maintenant, à ma grande joie, je suis certain de rompre le cycle des souffrances de la vie et de la mort pour atteindre la boddhéité.
T'ien-t'ai et Dengyô ont subi des persécutions et suscité haine et jalousie, rien que pour avoir propagé l'ichinen sanzen théorique de l'enseignement provisoire (du Sûtra du Lotus). Au Japon, cet enseignement fut propagé et transmis successivement par Dengyô, Gishin, Encho, Jikaku et d'autres. Parmi les nombreux disciples du grand maître Jie, dix-huitième patriarche de l'école Tendai, les quatre principaux furent Danna, Eshin, Sôga et Zen'yu. A l'époque, cette école dispensait deux sortes d'enseignement : le révérend Danna transmettait la doctrine, et le moine Eshin se consacrait aux pratiques de méditation. La doctrine est comparable à la lune, et la pratique au soleil. Les études doctrinales sont superficielles, alors que les pratiques de méditation sont profondes. Les enseignements exposée par Danna étaient donc étendus mais superficielles, alors que les enseignements de Eshin étaient limités mais profonds.
L'enseignement que Nichiren propage maintenant peut paraître limité, mais il est en fait extrêmement profond. Il est plus profond encore que les doctrines de T'ien-t'ai et de Dengyô. Il révèle les trois points importants contenus dans le chapitre Juryô (durée de la vie) de l'enseignement (Les trois grandes Lois ésotériques, à savoir le véritable objet de vénération (le Daï Gohonzon), l'invocation de Nam Myôhô Rengué Kyô et le grand sanctuaire (le taïsekiji au Japon)). Pratiquer les sept caractères de Nam Myôhô Rengué Kyô peut sembler limité, mais, puisque cette Loi est le maître de tous les bouddhas des Trois Phases de la vie (passé, présent, futur), puisqu'elle instruit tous les bodhisattvas de l'univers, et puisqu'elle est le guide qui permet à tous les êtres humains d'atteindre le boddhéité, sa pratique est d'une profondeur sans égale.
Il est dit dans le Sûtra : "La sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable." (Sûtra du Lotus, chap 2). "Tous les bouddhas" désigne chaque bouddha dans l'univers et dans les Trois Phases de l'exisrence (passé, présent, futur) y compris le bouddha Dainichi de l'école Shingon et le bouddha Amida de l'école Jôdo. Cela désigne tous les bouddhas et tous les bodhisattvas sans exception de tous les s^tras ou toutes les écoles, du passé, du futur et du présent, y compris le bouddha Shakyamuni.
Il est question de sagesse. Mais qu'entend-on par "la sagesse" de tous les bouddhas ? C'est le principe de shôhô jisso (la véritable entité se manifete dans tous les phénomènes) que Shakyamuni expliqua par les Dix Modalités d'expression de la vie (afin de conduire tous les êtres à l'Eveil.) En quoi consiste ce principe ? C'est Nam Myôhô Rengué Kyô... T'ien-t'ai écrivit : "Le profond principe de jisso (la véritable entité) est la Loi originelle de Myôhô Rengué Kyo." La véritable entité manifestée dans tous les phénomènes est représentée par les deux bouddhas Shakyamuni et Tahô (Maints trésors) (assis côte à côte dans la tour aux trésors). Tahô représente tous les phénomènes et Shakyamuni , la véritable entité. Les deux bouddhas symbolisent également kyô (l'objet) et chi (le sujet), (ou la réalité et la sagesse). Le bouddha Tahô représente l'objet et Shakyamuni , le sujet. Bien qu'ils soient deux (en apparence), dans l'Eveil du Bouddha, ils ne font qu'un.
Ces enseignements sont de la plus grande importance. Ils impiquent que les désirs (illsions, troubles) mènent à l'Eveil et que les souffrances de la vie et de la mort mènent au nirvana. Réciter Nam Myôhô Rengué Kyo, meme pendant l'union sexuelle entre homme et femme, voilà le principe qui permet de changer les désirs en Eveil et les souffrances de la vie et de la mort en nirvana. Les souffrances ne deviennent le nirvana que si on réalise que l'entité de la vie humaine, à travers vie et mort, ne peut ni apparaître ni disparaître. Il est dit dans le sûtra Fugen : "M^me sans éteindre leurs désirs terrestres et sans supprimer les Cinq Désirs, ils parviennent à purifier tous leurs sens et à effacer toutes leurs mauvaises actions." On lit dans le Maka Shikan : "L'ignorance et la poussière des désirs mènent à l'Eveil et les souffrances de la vie et de la mort mènent au nirvana." Il est dit dans le chapitre Juryo (durée de la vie, Sûtra du Lotus) : "Je réfléchis sans cesse à la manière de conduire tous les hommes au chemein suprême pour qu'ils puissent atteindre la boddhéité sans délai". ; et dans le chapitre Hoben (les moyens, Sûtra du Lotus) : tous les phénomènes sont des manifestations de la Loi et sont par essence éternels." Cette Loi (de shôhô jisso) n'est autre que Nam Myôhô Rengué Kyô.
Ce Sûtra du Lotus si noble et si précieux, par le passé je l'ai piétiné, rejeté avec dégoût et j'ai refusé d'avoir foi en lui. Ou bien encore je me sujis cruellement moqué de ceux qui étudiaient le Sûtra du Lotus et qui l'enseignaient à ne serait-ce qu'une autre personne afin de transmettre ainsi la Loi pour l'avenir. Ou j'ai tout fait pour les dissuader d'avoir foi en ce Sûtra, en leur disant que sa pratique étaient peut-être bonne pour la vie prochaine mais qu'ils n'en tireraient aucun bienfaits dans cette vie-ci. Des actes d'opposition à la Loi de ce genre ont maintenant attiré sur moi les nombreuses et sévères persécutions que je rencontre en cette vie. Parce que j'ai autrefois dénigré le plus élevé des sûtras, je suis maintenant méprisé et l'on ne tient pas compte de ce que je dis.
On lit dans le chapitre Hiyu que (parce qu'une personne s'est opposé au Sûtra du Lotus par le passé) les autres n'auront aucune sympathie pour lui, même s'il fait des efforts sincères pour gagner leur amitiè.
En tant que pratiquant du Sûtra du Lotus, vous avez subi de graves persécutions, mais vous m'êtes quand même venu en aide. Dans le chapitre Hosshi, (le Bouddha déclare) : "Jenverrai des moines, des nonnes, des laïcs hommes et femmes (pour faire des offrandes à celui qui enseigne le Sûtra du Lotus et entendre l'enseignement de la Loi)." Si vous n'êtes pas l'un de ces laïcs, à qui d'autre ce passage pourrait-il s'appliquer ? Vous avez non seulement entendu la Loi mais vous avez eu foi en elle et vous l'avez suivie depuis sans vous en écarter. Comme c'est merveilleux ! Comme c'est extraordinaire ! Dès lors qui pourrait douter encore que Nichiren soit bien celui qui enseigne le Sûtra du Lotus ? Je concrétise (les mots du Sûtra) : "Il est l'envoyé du Bouddha. Il est celui qui accomplit "l'oeuvre" du Bouddha." (Sûta du Lotus, chap 10). J'ai propagé les cinq caractères du daïmoku qui furent confiés au bodhisattva Jôgyô alors que les deux bouddhas étaient assis côte à côte dans la tour aux trésors (Shakyamuni et Tahô). Cela n'indique-t-il pas que je suis l'envoyé du bodhisattva Jôgyô ? De plus, tout en suivant mon enseignement comme celui du Pratiquant du Sûtra du Lotus, vous faites également connaître cette Loi aux autres? N'est-ce pas précisément la transmission (de la Loi merveilleuse).
Conservez sans relâche votre foi dans le Sûtra du Lotus. Il est impossible d'obtenir du feu (avec des silex) si l'on s'arrête à mi-chemin. Faites surgir le grand pouvoir de la foi et soyez reconnu par tous les habitants de Kamakura et du reste du Japon comme "Shijo Kingo de l'école du Sûtra du Lotus". Une mauvaise réputation se répand très facilement. Une bonne réputation se répandra plus loin encore, surtout si c'est celle d'être dévoué au Sûtra du Lotus.
Expliquez tout cela à votre femme et oeuvrez en accord avec elle comme le soleil et la lune, comme les deux yeux d'une personne, ou les deux ailes d'un oiseau. Avec le soleil et la lune, comment peut-on sombrer dans les voies de l'obscurité ? Avec deux yeux, comment pourrait-on ne pas voir les visages de Shakyamuni, de Tahô et de tous les autres bouddhas de l'univers ? Avec une paire d'ailes, vous volerez et atteindrez en un instant la terre de Bouddha du bonheur éternel. Je vous écrirai plus en détail en une autre occasion.
Avec mon profond respect,
Nichiren.